Reprenons donc le récit au pied de la montagne. J’exagère à peine croyez moi…
En voyant la montée (enneigée au demeurant) qui nous attend d’entrée de jeu j’ai même failli annuler la sortie, tellement le challenge me paraissait hors de portée des jeunes. Et puis finalement l’esprit viking a rapidement repris le dessus : « On essaie et si ça devient trop risqué on fait demi-tour. OK les schtroumpfs!? »
Ni une ni deux, nous partons à l’attaque de la pente. Une vrai pente, celle qui fait sortir la langue et brûle les jambes. Sans compter que la neige bien présente rend la progression encore moins facile (ou plus difficile, ça dépend…). Je dois dire que j’ai été étonné par la volonté de loulou sur cette montée. Il n’a pas rechigné une seule seconde. Il y a de la graine de viking en lui, c’est sûr!
Si vous vous rappelez bien la première partie, vous n’aurez pas oublié que le repas de midi n’avait pas encore été pris lorsque nous avons entamé la randonnée… C’est pour cette raison que nous décidons de faire notre première pause ‘miam’ en haut de la montée, une fois rallié le plateau.
Après cet arrêt au stand, la progression continue, dans la neige il va de soi. Nous apercevons au loin un improbable skieur et croisons même les traces de ses skis par la suite.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines… Sur le parcours se présentent deux « murs » rendus impraticables par la neige, du moins je juge qu’ils le sont avec deux enfants. En été je suppose qu’il s’agit de simples passages bien pentus mais là nous faisons face à deux obstacles sur notre chemin vers le refuge. Hors de question de renoncer si facilement. Nous cherchons donc un autre passage et contournons non sans mal ces deux obstacles, en employant parfois ce qui ressemble plus à de l’escalade que de la randonnée. J’ai bien évidemment le GPS de rando avec moi (merci monsieur Garmin :-)) ce qui nous permet de rejoindre un peu plus loin la trace planifiée, à l’azimut et en coupant dans la végétation. Et je dois bien avouer qu’une fois de plus les deux grands m’ont impressionné par leur volonté dans ce que je qualifierais de randonnée difficile.
Hormis ces deux passages la principale difficulté réside dans la progression dans la neige de printemps qui, avec les températures avoisinant les 10°, ne présente pas la même « solidité » qu’en hiver. Nous nous enfonçons donc très régulièrement, pensant avoir un sol plus ferme sous nos pieds. Je détiens d’ailleurs le record avec de la neige jusqu’à la taille et les pieds pendant à quelques centimètres de l’eau d’un petit torrent… Les enfants se sont d’ailleurs bien amusés de ce record (pour ne pas dire qu’ils se sont un peu moqués, mais juste un peu ;-)).
Et après 3 heures de marche, quelques 9 kilomètres et 700 mètres de dénivelé positif nous pouvons apercevoir le chalet. L-I-B-E-R-A-T-I-O-N!! Pour la petite histoire nous avions croisé un petit chalet après 1H30 de randonnée. Dès que nous l’avions aperçu j’avais précisé aux enfants que ce n’était pas le nôtre et qu’il fallait encore marcher. Clara m’a avoué un peu plus tard qu’elle pensait que je lui faisais une blague et qu’il s’agissait en réalité de celui dans lequel nous allions passer le week-end. Une sorte d’ascenseur émotionnel pour elle 🙂
Les enfants sont alors au comble de l’excitation à l’approche du refuge. La fatigue a soudainement disparue et il faut que je les freine un peu car il reste encore quelques centaines de mètres et il ne s’agit pas de se blesser bêtement sur une pierre glissante ou autre piège de ce genre.
Ca y est nous y sommes (enfin)! Nous pouvons nous alléger de nos sacs. Premier contact avec le refuge: la porte d’accès est fermée par un loquet. Serait-ce le signe qu’il n’y a personne à l’intérieur? Mystère…
Nous poussons la porte… pour pénétrer dans le sas où est stocké entre autres le bois mais également des gilets de sauvetage si on veut utiliser les deux barques stockées un peu plus bas en bordure du lac.
Nous poussons alors la deuxième porte pour rentrer dans la partie vie. Les deux schtroumpfs partent comme une balle à la découverte des différentes pièces. Chambres, salle de jeux, cuisine, réfectoire, premier étage. Tout y passe à grande vitesse. On en oublierait presque qu’ils viennent de marcher pendant 3 heures. Cette premier tour rapide du propriétaire nous confirme que nous sommes bien seuls dans le refuge. La sensation d’être perdu au milieu de nulle part prend tout son sens. Le refuge a une capacité de 31 couchages, autant dire que nous sommes à notre aise. Notre chambre comporte deux lits superposés. Les couettes et oreillers sont fournis et il suffit d’amener son « sac à viande » pour compléter le couchage. Cerise sur le gâteau : deux poêles sont là pour réchauffer l’ambiance si besoin. Nous allumerons d’ailleurs celui du réfectoire pour faire sécher nos paires de chaussures et pantalons, sensiblement humides après notre périple dans la neige et parfois la boue.
Profitant du calme et de la solitude nous listons ce qui fait la particularité de notre séjour dans la pampa :
- point de wifi (on s’en serait douté): adios jeux connectés et autres joyeusetés sur téléphone portable (et c’est tant mieux, on n’est pas venu pour ça).
- pas de couverture GSM : une carte affichée au mur nous précise d’ailleurs la couverture et nous montre que nous sommes bien dans une zone blanche. Il faut faire… 4 kilomètres pour espérer une pauvre petite barre de réseau. Pas un drame en soi sauf quand il faut envoyer un message à Delia pour lui dire qu’on est bien arrivé sain et sauf. Elle sera à deux doigts de déclencher les secours mais sera quelque peu rassurée par les propos d’un ami, randonneur émérite et connaissant bien le coin pour avoir déjà fait cette randonnée 🙂
- pas d’eau courante : enfin si… l’eau qui court est celle du ruisseau et il nous faut revenir à la bonne vieille corvée d’eau pour nous ravitailler et préparer les pâtes ou autre chocolat chaud. Les enfants ont adoré aller au ruisseau avec le seau.
- pas de prise pour recharger appareil photo ou autre gadget électronique: il y a bien des panneaux solaires mais ils servent à alimenter l’éclairage du refuge seulement.
- Toilettes sèches dans un bâtiment attenant: même s’il fait relativement doux en ce milieu de printemps on imagine sans peine qu’en plein hiver, quand il fait -x°, on attende le dernier moment pour y aller 🙂
Mais tout ceci participe à la magie de notre séjour. Les enfants redécouvrent les jeux de sociétés (dominos, Rumy) et les cartes (bataille). On s’éclaire à la bougie. Bref une sorte de retour aux sources et à l’essentiel qui nous fait un bien fou. J’ai même droit de la part de Clara à : « Dommage qu’on ne puisse pas prévenir maman qu’on passe tout le week-end ici! C’est trop génial! ». Et oui je vous rappelle qu’il n’y a pas de réseau… En cas de problème il y a tout de même un système qui permet de contacter les secours. Mais seulement en cas de problème 😉
Il est tout de même temps de se restaurer car les organismes ont besoin de quelque-chose d’autre que les barres de céréales englouties sur le trajet. Et c’est là que les norvégiens sont encore une fois de plus trop forts. Bien-sûr nous avions pris des pâtes type Bolino mais les estomacs affamés en voulaient plus! Il nous a donc suffit d’aller dans la réserve, sorte de garde-à-manger géant où on peut tout trouver : du beurre pasteurisé au riz en passant par la confiture, le thon en boite, les biscuits, la viande en sauce, etc.
Il suffit juste de se servir et de marquer à la fin du séjour ce qu’on a consommé. On peut payer grâce à une app, comme très souvent ici. Tout repose sur la confiance. C’est ça l’esprit norvégien! Du coup la visite à la réserve devient une habitude pour les deux gloutons. En fait c’est très pratique car on n’a pas besoin de se charger le sac à dos avec la nourriture.
Après une dernière partie de #je-ne-me-rappelle-plus-quel-jeux# il est alors temps d’aller au lit et de profiter d’une bonne nuit réparatrice.
8H00 pétante le lendemain… Réveil!
Les yeux ont du mal à s’ouvrir mais la perspective de retourner dans la réserve pour choisir son petit-déjeuner réveille rapidement les esprits 🙂
Chocolat chaud Torro (marque très répandue en Norvège), beurre, confiture, Wasa (qui s’avérera périmé mais ça ne nous a pas gêné). Voilà de quoi à faire un bon petit repas et envisager le retour sous les meilleurs hospices. Sans compter que secrètement je réserve aux enfants une petite surprise pour le retour mais chut… c’est un secret.
Nous profitons encore un peu du refuge et de ses environs notamment du ruisseau dans lequel les enfants ne manquent pas de se tremper les pieds. Vu leur tête, elle doit être froide!
Il est maintenant temps de reprendre la route. Sac à dos au dos et zou! Nous nous remettons en route non sans jeter un dernier coup d’œil au refuge en se disant : « Nous reviendrons! »
Le sentier est suffisamment frais dans nos esprits bien affûtés pour ne pas hésiter sur le chemin à prendre. Nous arrivons donc à la première des difficultés qui nous avait valu la veille un bon détour. Mais cette fois nous sommes face à une descente qui, sans être vertigineuse, présente une bonne pente. Pour tout vous dire, c’était plus impressionnant quand on était à son pied. Je sors alors deux poches poubelles que j’avais pris le soin de prendre au refuge et que j’avais habillement dissimulées dans une des poches de mon sac à dos. Quelques secondes d’incompréhension se lisent dans les yeux des enfants mais ils comprennent bien vite l’utilité de ces accessoires et qu’ils vont pouvoir dévaler cette pente en mode luge. C’est bien plus fun que de faire un détour non ? 😉
Les pieds plantés dans la neige et c’est à fond de train que les deux sportifs rejoignent le bas de la pente alors que je cours plus ou moins à côté d’eux. Quelle rigolade.
La deuxième difficulté du même ordre est franchie à l’identique sauf que la proximité de rochers et la perspective d’une chute de quelques mètres modifient un peu le mode opératoire. Je me retrouve à faire le train-train avec loulou assis derrière moi, les pieds plantés dans la neige pour freiner l’équipage. On arrive en bas de la descente en un seul morceau mais le postérieur quelque peu humide…
Le reste de la randonnée se déroule dans la bonne humeur mais toujours sans aucune présence humaine autre que la nôtre. Arrivés à la voiture les enfants sont bien contents de pouvoir enlever les sacs et mettre leurs pieds à l’air. Le retour à la maison n’est qu’une formalité et tout le monde retrouve Delia et lulu. C’est là que Delia nous contera sa « panique » occasionnée par l’absence de message. La prochaine fois on essaiera de faire mieux et différemment…